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L'univers du cuir : conseils, astuces et tendances - Par Dame Goupil

le savoir-faire du cuir

De la peau brute au cuir raffiné : un voyage fascinant

La métamorphose de la peau brute en un cuir raffiné est un véritable périple captivant.

En tant que maroquinière, je crée et donne vie à ces peaux transformées. La création des produits en cuir uniques et de qualité. Cependant, avant d’atteindre ma table de travail, ces peaux parcourent un long chemin qui nécessite un travail minutieux et méticuleux.

“Le cuir est la transformation d’une peau animale en matière imputrescible ! “

tannerie la ferriere sur risle

Du cuir brut à la tannerie

La peau brute est un sous-produit de l’abattage d’animaux pour la viande. Cette peau nécessite des soins spécifiques pour préserver sa qualité avant son arrivée à la tannerie. Pour éviter la dégradation de la peau différentes étapes de conservation sont mises en place.

◉ Une fois les animaux abattus, les peaux brutes sont triées. En fonction de critères tels que le sexe, la taille, le poids et la qualité. Ce processus de tri minutieux permet d’identifier les peaux les plus adaptées à la transformation ultérieure.

◉ En parallèle du tri, on effectue le rognage pour éliminer les parties indésirables de la peau brute (comme les pattes ou les mamelles). Cette étape peut être réalisée dans un abattoir. Mais aussi directement dans la tannerie, préparant ainsi les peaux pour les prochaines étapes de traitement.

◉ Des procédés de conservation sont mis en œuvre pour prévenir la détérioration des peaux.

Le traitement de conservation à long terme comprend différentes techniques telles que le salage, le saumurage ou le séchage. Cette conservation peut ainsi atteindre six mois. Ces méthodes permettent de protéger les peaux brutes et de maintenir leur qualité sur une période prolongée.

En revanche, pour assurer une conservation à court terme, généralement entre deux et cinq jours, on privilégie des approches telles que la réfrigération. Ces méthodes permettent de maintenir les peaux dans des conditions optimales.

Ainsi, on traite les peaux brutes avec soin tout au long de ces étapes de conservation. Il s’agit de préserver leur qualité. Mais aussi de les préparer pour le processus de transformation ultérieur au sein de la tannerie.

image ancienne de tannerie
Tannerie ancienne
Par Pierre ALTAIRAC

Les nuances entre tanneurs et mégissiers : Spécialisation en fonction des peaux

Bien que les termes “tanneur” et “tannerie” soient souvent utilisés pour désigner l’ensemble du processus de transformation des peaux en cuir, il convient de noter qu’il existe une subtilité entre les tanneurs et les mégissiers.

Le tanneur se charge de transformer les grandes peaux brutes. Comme celles de vache, de veau ou de cheval en cuir imputrescible.

Le mégissier se spécialise dans la préparation des petites peaux telles que l’agneau, le mouton et la chèvre. Son nom provient du mégis, un bain à base d’eau, de cendres et d’alun. Les peaux étaient traditionnellement trempées dans ce bain. Aujourd’hui, il utilise les mêmes techniques de tannage que le tanneur. Le mégissier travaille dans une mégisserie.

Dans la suite de cet article, lorsque je fais référence au terme “tanneur” et à la “tannerie”, cela englobe également les mégissiers et les mégisseries.

La ganterie Tréfousse est une ganterie et mégisserie française fondée à Chaumont.
La ganterie Tréfousse est une ganterie et mégisserie française
fondée à Chaumont en 1833

Première étape du tanneur : Le travail de rivière

Le terme “travail de rivière” provient des premières industries qui utilisaient les cours d’eau pour tremper les peaux. Ce processus dure environ 1 mois et se décompose en plusieurs étapes. Ces opérations visent à épiler, réhydrater la peau et la préparer en vue du tannage.

Le tanneur prend en charge les peaux brutes issues du dépeçage et du salage. Le travail de rivière commence alors.

La première phase, appelée la trempe, consiste à réhydrater et dessaler les peaux. On plonge celles-ci dans un bain d’eau contenant un antiseptique. Pour éviter la putréfaction et préserver la qualité de la peau.

Ensuite, on réalise le dépilage et le pelanage pour éliminer le poil et dégrader légèrement les fibres de la peau.

Les peaux subissent également l’écharnage, une opération qui élimine les tissus sous-cutanés. On ne laisse que le derme, qui deviendra le cuir.

composition de la peau
Crédits : Noemie Daval

Les étapes détaillées :

  • Le RETAILLAGE : consiste à enlever les extrémités des peaux (pattes, oreilles, queues, tétines). Pour éviter qu’elles fassent des nœuds entre elles dans les bains.
  • Le REVERDISSAGE : On réhydrate la peau et on se débarrasse de toutes souillures.
  • L’EPILAGE – LE PELANAGE : On va mettre la peau dans un foulon, un gros tonneau en bois avec du “Pelain”. C’est une solution chimique alcaline qui détériore l’épiderme et les poils.
  • L’EBOURRAGE – L’ECHARNAGE : Elimination mécanique du tissu sous-cutané, des morceaux de viande et des graisses. Les résidus récupérés de cette étape, que l’on appelle “carnasses”, servent à fabriquer de la colle et de la gélatine !
  • Le DECHAULAGE : Faire tremper les peaux dans un foulon, avec des acides faibles ou des sels d’ammonium. Permet d’extraire la chaux que le derme à absorbée lors de l’épilage. L’opération consiste à ramener leur pH à 7. On rince ensuite les peaux.
  • Le CONFITAGE : permet d’augmenter la souplesse du cuir, la qualité de la fleur et la réactivité aux agents tannants.
  • Le DEGRAISSAGE : Prépare la peau au tannage en éliminant toute trace de graisse animale qui empêcherai la pénétration des tanins.
  • Le SCIAGE est la dernière opération du travail de rivière. Elle consiste à refendre grossièrement, c’est à dire couper le cuir dans l’épaisseur afin de l’égaliser.
Un foulon pour le travail du cuir
Un foulon pour le travail de rivière

Le tannage du cuir : transformer la peau en cuir résistant

▶️ C’est l’étape clé qui transforme la peau en cuir.

Le tannage est un procédé chimique qui permet la transformation de la peau en liant les fibres et la rendant imputrescible.

Pour obtenir cette réaction chimique sans qui le cuir n’existerait pas, on utilise des tannins. Différents agents tannants, tels que les tannins végétaux, le chrome, l’aluminium, le zirconium ou des agents synthétiques, sont utilisés. On utilise principalement 2 sortes de tannages : le tannage végétal et le tannage minéral.

Le gland du chêne est riche en tanins.
Le gland du chêne est riche en tanins.

Le tannage végétal


  • Processus de tannage long qui peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour obtenir un cuir de haute qualité.

  • Utilisation de tanins végétaux provenant de plantes, tels que le châtaignier et le mimosa.

  • 🚩L’utilisation de plante produit néanmoins une réaction chimique, qui n’est pas plus “naturelle” que le tannage minéral.

  • Le tannage végétal permet la sculpture, le façonnage et la mise en forme du cuir.

  • Le cuir issu du tannage végétal conserve son aspect naturel avec le temps, développant une patine unique et acquérant une belle teinte ambrée.

  • Le tannage végétal permet également des teintures personnalisées, offrant ainsi une grande variété de couleurs et de finitions au cuir.

Photo : Cuir tannage végétal, teint à la main à l’atelier

T-rex en cuir tannage végétal, teint à la main à l'atelier
Etui double pour jeu 54 cartes et tarot

Le tannage minéral


  • Appliqué industriellement à partir du XXe siècle, ce tannage est rapide.

  • Utilisation de produits synthétiques pour la réaction chimique du tannage.

  • Le cuir tanné minéralement offre une excellente résistance à l’usure et une bonne stabilité dimensionnelle, conservant sa forme d’origine plus longtemps.

  • Il permet d’obtenir un cuir plus souple et plus fin, idéal pour les articles nécessitant une certaine flexibilité et un toucher doux.

  • Le tannage minéral offre une large gamme de couleurs et de finitions, permettant une grande variété de styles et de designs.

  • Le cuir tanné minéralement peut être moins sensible aux taches et à l’eau, grâce à sa résistance accrue à l’humidité.

Photo : Cuir minéral permettant une finition atypique

Corroyage-finissage : L’Étape Finale pour Adapter le Cuir à Son Utilisation

Le corroyage-finissage, dernière étape du processus de tannage, vise à adapter la peau à l’état et à la qualité souhaités, en fonction de son usage final.

Bien que le corroyage-finissage implique généralement l’immersion des peaux dans l’eau, leur malaxage pour les assouplir, et l’application d’un corps gras, cette étape est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Selon les besoins, le corroyage-finissage comprend un ensemble d’opérations de finition, chacune ayant un objectif spécifique. Ces opérations sont nombreuses et dépendent du type de produit fini désiré. Une peau peut ainsi avoir des caractéristiques d’épaisseur, de souplesse, de couleur ou d’aspect différent.

Les dernières étapes du cuir :

Une fois sortie de l’eau, on essore et étire la peau, dans une étape appelée “mise au vent”. Ensuite, on la sèche avant de lui faire subir certaines des actions suivantes :

  • Le palissonnage mécanique : malaxage vigoureux pour conférer une plus grande souplesse au cuir.
  • Le refendage : donne à la peau l’épaisseur souhaitée en séparant la partie supérieure (fleur) de la partie inférieure (croûte).
  • Le dérayage : égalisation et affinage du cuir réalisée en le rabotant du côté chair.
  • Le retannage : Application d’une teinture et un agent nourrissant sur le cuir.
  • Le ponçage : La surface du cuir est meulée avec du papier de verre fin. Cela lui donne un aspect velouté et une douceur au toucher (nubuck).
  • Le satinage : On presse le cuir contre une plaque lisse chauffée pour lui donner une surface lisse.
  • L’impression ou le grainage, où une plaque métallique chauffée à 120°C est pressée sur le cuir pour lui donner un relief spécial. Cette technique permet d’imiter la peau de certains animaux, comme les reptiles.

Avec ses différentes opérations de finition, cette étape finale permet de donner au cuir les propriétés et les caractéristiques recherchées, créant ainsi des produits finis uniques et adaptés aux besoins spécifiques des artisans. Le cuir révèle toute sa beauté et son potentiel à travers cette étape. Prêt à être mis à disposition des artisans maroquiniers, le cuir est fini.

Illustration du métier de tanneur - 1568
Illustration du métier de tanneur
Le « Livre des métiers » (en allemand Ständebuch)
de Jost Amman – 1568

Je vous invite également à consulter mon article sur les différents types de cuirs en cliquant ici pour aller plus loin dans la connaissance du cuir !

Aurélie Delobelle - Dame Goupil 🦊

Aurélie Delobelle - Dame Goupil 🦊

Artisan d'art du cuir - Maroquinière

🪄Depuis plus de 8 ans, je transforme le cuir en objets uniques et durables.
🪡Mon travail consiste à redonner vie aux anciennes pièces, créer de nouveaux produits et transmettre ma passion à travers des ateliers créatifs pour enfants et adultes.
🌱 Je contribue à la préservation du savoir-faire artisanal et à la réduction des déchets avec des alternatives éco-responsables.

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